Facteurs psychologiques

Le passage de l’enfance à l’adolescence est considéré, et ce même par la majorité, voire même la totalité des spécialistes, comme un moment crucial dans le développement de l’individu. C’est d’ailleurs durant cette période que le jeune développe davantage ce besoin d’être en groupe et de s’intégrer auprès des autres jeunes qui l’entourent. En effet, la crise de l’adolescence se caractérise par plusieurs éléments, dont on retrouve la grande importance pour le jeune individu de se construire un réseau de contact. Cela est en faite, dû au désir du jeune de se détacher du monde familial, pour connaître par lui-même le monde extérieur et donc se sentir autonome. Le gang remplace donc la famille. Elle permet à l’individu d’y trouver une certaine chaleur affective, de vivre un sentiment de sécurité et de solidarité, ce qui apaise l’anxiété qui peut être vécue durant l’adolescence. Le groupe peut donc prendre, durant cette période, une énorme importance. Qui n'a pas entendu un jour un adolescent s'exclamer: «jamais sans mes amis» ou «je ne les dénoncerais jamais» voire encore, «à la vie à la mort». La bande permet entre autres de former chez l’individu, une image de soi. En effet, durant l’adolescence, le jeune doit faire face à plusieurs moments d’introspection. Par le rôle de stimulateurs, l’entourage amical favorise une analyse positive que fait l’adolescent sur lui-même. De plus, la bande entraîne un effet de jugement réfléchi, ce qui veut dire que l’individu peut davantage définir son image de soi grâce à la façon dont il croit être perçu par ses amis. On constate également que cette envie chez l’adolescent d’appartenir à un gang provient d’une certaine comparaison sociale. En effet, un jeune étudiant timide et solitaire, qui voit dans la cour d’école d’autres jeunes qui s’amusent en groupe, se verra de façon inférieur face à ceux-ci. En lien avec la construction de l’image de soi, la recherche d'identité est également un facteur qui joue un rôle important dans le besoin de se rassembler. On peut le voir par certains rites de passage, type de musique, on se donne un surnom, des couleurs (expression et habillement). Par conséquent, un jeune individu qui n’est pas en mesure de se construire une identité et qui ne parvient pas à avoir une bonne estime de soi aura souvent tendance à se replier sur un gang. C’est d’ailleurs le manque d’estime de soi qui caractérise le plus la transition de l’individu vers le gang délinquant. En effet, les jeunes qui sont portés à avoir une image négative d’eux-mêmes, parfois causée par certains échecs ou certains complexes, seront souvent poussés à commettre des actes de violence pour se sentir valorisés. Dans son livre prévenir la délinquance, l’auteur M.Cusson (1981) indique: «Les adolescents passent souvent à l'acte parce qu'un camarade les a encouragés à le faire ou encore parce qu'ils ont été mis au défi». De cette façon, le crime n'est plus associé à une vision négative, à l'inverse, il devient un acte courageux, intelligent et qui met la force du jeune à l'épreuve. Les comportements délinquants encouragés par le gang permettent donc à certains individus faibles en estime d’eux-mêmes de former en eux un sentiment de succès, et à la fois d’augmenter leur estime de soi.

 

Facteurs socio-économique

D’autre part, le statut économique dans lequel vit un jeune individu à également une influence sur la susceptibilité de celui-ci à pénétrer dans le milieu criminel. En effet, le gang à tendance à laisser paraître qu’il y a possibilité d’obtenir une source de revenue par l’entremise du crime (vente de drogue, vente d’armes, vol, etc.). Bien que ce ne soit qu’illusoire, le crime devient donc vite une espérance pour ces jeunes qui désir s’en sortir. Ensuite, le milieu familial est aussi un facteur primordial dans le risque d’appartenir à un gang. Les experts mentionnent d’ailleurs, que les jeunes individus qui manquent de soutien sont très susceptibles de se tourner vers le gang pour substituer le manque d’encadrement familial. Général, un ex-membre du gang de montréal «les bloods», affirme d’ailleurs cette réalité dans un entrevue fait par le journaliste Raymond Viger : «Dans le milieu des gangs, il y en a beaucoup qui n’ont pas de famille. C’est pour ça que le phénomène est difficile à arrêter. Les jeunes y trouvent la famille qu’ils n’ont jamais eue. Bien sûr, plusieurs autres facteurs tels que, l'alcoolisme parental, le dysfonctionnement cérébral minime, l'hyperactivité, les troubles d'apprentissage, etc., peuvent également influencer un adolescent à faire parti d’un gang. Dans le livre «Enfants en péril», l'auteur cite: «Je crois que dans la majorité des cas les comportements asociaux et les troubles de la personnalité de type asocial, résultent de la privation émotionnelle ou de l'absence de soins parentaux». En somme, différents facteurs viennent influencer les risques que certains jeunes adhèrent à un gang, toutefois, c’est la combinaison de ces éléments psychosociaux (mauvais milieu familial, difficulté d’intégration, statut économique précaire…) qui amènent un individu à se déplacer vers le monde criminel des gangs de rue.

Le multiculturalisme

 

Au Québec tout comme aux États-Unis et ailleurs, il est facile d'admettre que les gangs de rue sont fortement composés de différente ethnie provenant de l’immigration. On observe donc que malgré la présence de multiples causes, les facteurs sociaux qui poussent les jeunes à intégrer un gang renvoient souvent à l’incapacité pour ces derniers de s’intégrer complètement à la société, que ce soit sur le marché du travail ou à l’école. Ainsi, les jeunes individus des communautés immigrantes sont très vulnérables à tomber dans le milieu des gangs de rue. Les jeunes voyant leurs parents subir des difficultés d’intégrations, ceux-ci développent une vision négative de leur avenir. Le succès semble donc être difficile à atteindre pour ces individus qui se sentent exclus de la société et le gang apparaît alors comme un lieu compensatoire d’intégration. De plus, le gang ne permet non seulement aux jeunes immigrants d’obtenir un sentiment d’appartenance, mais il leur procure également un sentiment de respect, où il y a maintenant la possibilité d’obtenir des gains financiers par l’entremise d’activités illicites. La bande s’avère donc, comme le mentionne Albert K. Cohen dans son livre Delinquent Boys, «l’échappatoire par excellence».

Source

-CUSSON. Maurice. Prévenir la délinquance. France, P.U France, 2009, 281 p.

 

-GUAY, Jean-Pierre  et FREDETTE, Chantal, Le phénomène des gangs de rue et sa mesure, En ligne : https://gangsquebec.com/wp-content/uploads/2012/06/Le-ph%C3%A9nom%C3%A8ne-des-gangs-et-sa-mesure-chap.6-Guay-et-Fredette_Trait%C3%A9-de-criminlogie.pdf, (source consultée le 3 mai 2013)

 

-VIGER, Raymond, Survivre en prison pour un Blood, 2011 en ligne : https://raymondviger.wordpress.com/2011/10/05/gang-de-rue-blood-crips-montreal-nord-st-michel-gang/ (source cosultée le 6 mai 2013)

 

- BONNELL, Lorne,L'enfant en péril: Rapport du Comité sénatorial permanent de la santé, du bien-être et des sciences. Édition du gouvernement du Canada, Hull. 2001